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L’ARBRE A GALETTES

Un film de patrick Deshayes

…SEMÉS DANS TOUT LE PAYS

L’un des problèmes qui affecte le plus les mondes ruraux aujourd’hui, qui ne leur est pas spécifique mais qui y est particulièrement sensible, est celui d’un certain éclatement social. Ce qui y constituait des occasions de rencontres et de partages, ce qui s’y entremêlait de solidarités et de parentèles voire de rivalités elles-mêmes structurantes s’est effacé, conduisant au repli et à la fermeture sur soi. A quoi s’ajoutent les incompréhensions pouvant exister entre ruraux de souche et ceux qu’on appelle les “néo-ruraux”, nouveau-venus dans les campagnes, ces deux ensembles n’étant du reste nullement homogènes.
Des frontières se cristallisent ainsi, séparant des groupes qui ne communiquent pas ou peu, ou même sont en relations de défiance ou d’hostilité. Cela va de l’esprit de clocher à l’ignorance ou au rejet de ceux dont on ne partage pas les valeurs ou les usages.
Or c’est pourtant à l’intérieur de groupes bien définis, en fonction de leurs besoins et en accord avec leur manière d’être, que naissent des initiatives. De ce point de vue, elles ne sont jamais au départ expressives de la globalité des mondes ruraux. Et si l’on n’y prend garde, si l’on en reste là, elles peuvent, en se développant, contribuer à y désarticuler la vie sociale, y durcir et renforcer les clivages entre groupes différents.

De la crèche parentale

La crèche parentale des Cabannes, fondée par des “néo-ruraux” et promouvant une manière particulière de socialiser les enfants, pouvant être incomprise en milieu paysan et y faire dire qu’ils étaient trop libres, mal élevés, aurait pu constituer un exemple de ce type. Elle aurait pu rester le service d’une population spécifique ayant ses propres pratiques culturelles et, quelle que soit son utilité pour cette population, n’être pas un facteur global de développement.
Or son public initial s’est élargi, de même que celui de la crèche inspirée d’elle établie à Vaour. Elle a débouché sur une association de parents prenant en charge les activités de loisirs d’enfants d’âge scolaire, laquelle association a elle-même mené un projet en commun avec une maison de retraite, auquel ont été associés des artistes et artisans locaux. Elle a amené la naissance d’un relais d’assistantes maternelles, représentant une autre approche sociale de la petite enfance. Et toutes ces initiatives ont favorisé une large coopération intercommunale et intercantonale.
Bref, la crèche des Cabannes et les initiatives qui en ont découlé ont réellement été des facteurs de développement et de renforcement du tissu social du Gréavi. Comment cela s’est-il fait ?

La nature même de la crèche des Cabannes, réclamant une implication active des parents forme un premier élément de réponse. Les parents sont ainsi amenés d’une part à se rencontrer et se connaître, d’autre part à ne pas être seulement les clients d’un service qui leur resterait autrement étranger. Les frontières entre leurs vies familiales respectives et entre ces vies et le lieu d’accueil que constitue la crèche sont ainsi traversées. Et c’est bien sûr ce qui a permis que des points de vue divergents sur l’éducation puissent peu à peu s’harmoniser.

à l’école,

Mais ce qui a évité la fermeture de la crèche sur son public initial a certainement été son ouverture sur l’école publique. Celle-ci s’adressant à toutes les familles, la crèche ne pouvait pas rester une institution isolée. Inversement, on peut dire que la relation avec la crèche parentale a incité les parents à prendre une part plus active à la vie de l’école et à concevoir leur rôle en complémentarité et continuité avec elle. L’association Arc en ciel ne s’est pas constituée comme une association classique de parents d’élèves, clients du service représenté par l’Education nationale. Elle a oeuvré auprès des enfants en liaison avec l’école. Elle a passé par dessus la frontière entre éducation familiale et scolarité.

à la maison de retraite,

Dès lors, d’autres frontières ont pu être franchies. La crèche réunissant des familles des Cabannes et de Cordes , Arc en ciel s’est développée sur les deux communes. L’établissement d’une aire de jeux entre école et maison de retraite de Cordes a permis d’établir un lien entre des générations que notre mode de vie tend plutôt habituellement à séparer dans des lieux isolés. Les communications établies entre enfants et personnes âgées s’ajoutant à celles entre parents et enseignants rendent ainsi aux enfants une éducation qui prend en compte toutes les dimensions de leur univers. L’intervention d’artistes et d’artisans locaux dans le cadre de la réalisation de l’aire de jeux va évidemment dans le même sens.

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